Doutes chez Daimler

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Une action bon marché, qui sous-performe carrément de 15% l’indice DAX. Mais aucun catalyseur n’est en vue à moyen terme. Les investissements toujours plus importants et le projet de scission de Daimler ne sont pas de nature à rassurer les investisseurs.

Le sentiment est un peu moins négatif, mais le secteur automobile allemand baigne toujours dans une atmosphère de scandales et de suspicion. Par ailleurs, on sait que d’importants investissements sont nécessaires désormais dans le segment des véhicules électriques et autonomes. L’évolution du cours des actions du secteur est dès lors atypique. Compte tenu du redressement économique et de la plus grande confiance des consommateurs, ces valeurs devraient atteindre un sommet en Bourse. Mais l’action Daimler, tout comme BMW, compte parmi les plus grandes retardataires de l’indice DAX cette année. Elle sous-performe l’indice allemand de 15%.

Sur le plan opérationnel, rien de dramatique cependant. Au troisième trimestre, les ventes de véhicules ont augmenté de 9% (à 824.000) par rapport à la période de juillet à septembre 2016 (754.000). Sur les neuf premiers mois, on note une hausse de 9% également (2,4 millions d’unités par rapport à 2,2 millions, en rythme annuel). Ce qui a permis au trimestre écoulé une hausse du chiffre d’affaires (CA) de 6%, à 40,81 milliards d’euros (mieux que le consensus à 40,41 milliards d’euros). Après trois trimestres, on note une augmentation de 8%, à 120,7 milliards d’euros (112,3 milliards l’an dernier, sur la même période). Les ventes sont toujours en hausse dans toutes les divisions, une situation qui contraste avec l’an dernier. C’est non seulement le cas des voitures de tourisme Mercedes-Benz (la classe E rencontre toujours un vif succès), mais aussi des utilitaires, camions et bus.

Du point de vue de la rentabilité, la donne est différente. Le bénéfice opérationnel récurrent (REBIT), à 3,46 milliards euros, est de 2,5% inférieur à la projection moyenne des analystes (3,55 milliards d’euros), ce qui représente un repli de 14 %. Une charge de 453 millions d’euros a en effet été comptabilisée pour le rappel de plus de 3 millions de véhicules diesel afin d’actualiser les logiciels (lire : garantir des véhicules diesel “plus propres”). Ce coût supplémentaire a également comprimé le bénéfice net à 2,27 milliards d’euros (-17%). Après neuf mois, le bénéfice par action ressort à 6,84 euros (2,03 euros au troisième trimestre). Le consensus s’établit, pour l’exercice complet, à un bénéfice par action proche de 9 euros. Malgré l’évolution favorable, le directeur du groupe, Dieter Zetsche, est inquiet. Il faut investir toujours plus. Notamment dans les véhicules électriques et autonomes. Au troisième trimestre, le groupe a déjà augmenté le budget consacré à la recherche et au développement (R&D) de 21% (ou 2,3 milliards d’euros) par rapport à la même période, l’an dernier. Or ni le CA ni le bénéfice n’ont progressé d’autant.

La direction tente du reste de séduire les actionnaires avec un plan de scission en trois sociétés, mais ceux-ci ont un avis partagé sur le projet.

Conclusion

L’action Daimler est toujours bon marché : elle s’échange à seulement 7,5 fois le bénéfice escompté pour cette année et 1,1 fois la valeur comptable, pour un rendement du dividende attendu de près de 5%. Cela dit, nous n’entrevoyons pas de catalyseur dans les 12 prochains mois, vu les doutes entourant le projet de scission et les investissements nécessaires, qui pèsent sur la rentabilité.

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Devise : euro

Marché : Francfort

Capit. boursière : 74,5 milliards EUR

C/B 2016 : 8

C/B attendu 2017 : 7,5

Perf. cours sur 12 mois : +10 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -2 %

Rendement du dividende : 4,7 %

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