Kinepolis, à marche forcée

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Avec l’acquisition de Landmark Cinemas, Kinepolis a fait un premier pas hors d’Europe, même si le Canada est culturellement assez proche de nous.

Kinepolis prouve depuis dix ans la capacité des entreprises individuelles à croître sensiblement malgré la stabilité du marché. Le groupe enregistre depuis 2014 une enviable expansion, dont le point d’orgue le plus récent (nous prévoyons d’autres acquisitions, plus importantes encore, au cours des années qui viennent) fut le rachat, à la fin de l’an dernier, de Landmark Cinemas. Avec ses 44 complexes et 303 écrans, Landmark est le deuxième groupe de cinémas canadien (10% de part de marché).

Kinepolis a donc fait un premier pas hors d’Europe, même si le Canada est culturellement plus proche de nous que les Etats-Unis. Notons que la plupart des complexes sont plus petits, moins largement loués (aux trois quarts seulement) et drainent moins de visiteurs que la moyenne de ceux de Kinepolis; la rentabilité par visiteur y est en outre bien plus faible. Mais le plus grand exploitant de cinémas belge, qui progresse à pas de géant – il est passé de 23 à 94 complexes en quatre ans – s’est engagé à changer la donne. Les résultats de l’exercice 2017 montrent que la vague d’expansion se déroule sans heurts. La fréquentation a augmenté de 6,2%, à 25,3 millions de visiteurs, sous l’effet, essentiellement, de la politique d’élargissement. Deux nouveaux cinémas ont ouvert leurs portes à Breda et Utrecht (Pays-Bas), un à Grenade (Espagne) et un autre à Fenouillet, près de Toulouse, au second semestre de 2016; à cela s’est donc ajoutée, durant les trois dernières semaines de 2017 (les plus importantes de l’année), l’acquisition de Landmark Cinemas (1,07 million de visiteurs).

Avec notamment Star Wars: Episode VIII – Les derniers Jedi, Moi, moche et méchant 3 et La Belle et la Bête, les blockbusters hollywoodiens ont eu un impact nettement plus marqué qu’en 2016. L’augmentation du nombre de visiteurs fut plus nette aux Pays-Bas (+15,4%) qu’en Belgique (+0%), en France (+0,2%) et en Espagne (-0,5%). En hausse de 9,4%, à 355,4 millions d’euros, le chiffre d’affaires (CA) a selon sa bonne habitude progressé plus rapidement que la fréquentation. A l’origine de ce phénomène: l’augmentation des recettes par visiteur, des revenus publicitaires et des revenus immobiliers. Le cash-flow récurrent (hors éléments exceptionnels – Rebitda) progresse davantage que le CA. Le Rebitda ayant augmenté de 10,3%, à 104,3 millions d’euros, la marge de Rebitda passe de 29,1 à 29,3%, ou encore de 3,97 à 4,12 euros par visiteur. En Belgique, le Rebitda par tête est même passé de 6,55 à 6,96 euros par action puisque pour la première fois dans l’histoire, le client a dépensé plus de 5 euros en moyenne certains mois. Le bénéfice opérationnel récurrent (hors éléments exceptionnels – Rebit) a progressé de 10,9%, à 74 millions d’euros. La dette financière nette s’établissait au 31 décembre à 224,3 millions d’euros, soit 54,6 millions de plus qu’à la fin de 2016, soit encore un passage de 1,79 à 2,15 fois le Rebitda. Cela dit, c’est peu, par rapport à la plupart des autres exploitants. Le dividende est en hausse pour la 14e fois consécutive, à 0,9 euro brut par action (+3,4%).

Conclusion

Grâce à l’acquisition de Landmark Cinemas, il est permis d’espérer pour 2018 une hausse bien plus sensible du CA et du bénéfice. En plus de générer énormément de liquidités, Kinepolis est désormais un géant de la croissance. Sa valorisation élevée (plus de 14 fois le rapport escompté valeur d’entreprise/Rebitda pour 2018) ne nous autorise malheureusement pas à recommander de l’acheter. Cela n’en reste pas moins un titre à choyer.

Conseil : conserver/attendre

Risque : faible

Rating : 2A

Cours : 57,80 euros

Ticker : KIN BB

Code ISIN : BE0974274061

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 1,58 milliard EUR

C/B 2017 : 39

C/B attendu 2018 : 35

Perf. cours sur 12 mois : +22 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +4 %

Rendement du dividende : 1,6 %

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