Perrigo digère le dossier Omega Pharma

Perrigo © Perrigo.com

Les investisseurs n’ont, pour leur part, pas encore réitéré leur confiance dans l’entreprise américaine. Pour cette raison, précisément, l’action est intéressante. Par ailleurs, Perrigo devrait voir tant son chiffre d’affaires que son bénéfice se redresser à partir de 2018.

Cette entreprise américaine établie en Irlande, fondée en 1887 et cotée en Bourse depuis 1991, est un acteur mondial sur le marché des produits génériques et sans prescription. Son action fut l’une des plus performantes de Wall Street : elle est passée de moins de 20 dollars au printemps 2009 à un peu plus de 200 au printemps 2015. Sous la direction de Joseph C. Papa de 2006 à 2016, une croissance sensible a été enregistrée, soutenue par une série d’acquisitions. Le chiffre d’affaires (CA) a progressé entre 2008 et 2015 de 1,7 à 5,35 milliards de dollars, le cash-flow opérationnel (EBITDA) de 270 millions à 1,51 milliard de dollars et le bénéfice net de 136 à 399 milliards de dollars. Mais surtout, la capitalisation boursière s’est hissée de moins de 3 milliards à environ 30 milliards de dollars.

À l’automne 2014, Perrigo était disposée à mettre sur la table 3,6 milliards d’euros, dont 1,1 milliard d’euros de dettes, pour racheter Omega Pharma à MarcCoucke. Ce montant avait fait froncer quelques sourcils, car en Bourse bruxelloise, jusqu’à ce qu’elle soit extraite des listes de cotation, l’entreprise n’avait jamais vraiment valu plus d’un milliard d’euros. Perrigo sentait cependant la menace des repreneurs potentiels. Le géant pharmaceutique Mylan avait en effet échoué à trois reprises à le racheter pour 29 milliards de dollars. Après la reprise coûteuse d’Omega en 2015 et le rejet de l’offre de reprise “royale”, le rêve est devenu cauchemar pour la direction de Perrigo, qui s’est défaite de son CEO. Environ la moitié du montant de l’acquisition a toutefois déjà été amortie. Perrigo a introduit une plainte à l’encontre de Coucke et du fonds Waterland, qu’il accuse d’avoir embelli le CA en y comptabilisant des produits stockés. Récemment, Coucke a introduit une plainte en réponse, car il a été payé pour moitié en actions Perrigo, lesquelles ont baissé de 65 % depuis le sommet (perte de quelque 0,5 milliard).

Le CA de 2016 a totalisé 5,2 milliards de dollars (5,4 milliards en 2015). Compte tenu de la vente des droits de royalties sur le produit Tysabri (jusqu’à 2,85 milliards d’euros), on mise pour cette année sur un CA compris entre 4,6 et 4,8 milliards de dollars. Du fait des amortissements massifs, la perte nette s’élève environ à 28,01 dollars par action. Pour cette année, Perrigo table sur un résultat situé entre 4,15 et 4,50 dollars par action (consensus à 4,36 dollars ; contre 5,07 dollars en 2015). Le groupe espère un redressement progressif du CA et du bénéfice à compter de 2018. Le marché table en moyenne pour l’an prochain sur 5 milliards de dollars de CA et 5,28 dollars de bénéfice par action. Un objectif à atteindre avec un nouveau CEO, car début juin, John Hendrickson a démissionné contre toute attente.

Conclusion

Si le groupe digère peu à peu le dossier Omega Pharma, ce n’est encore le cas des investisseurs. Pour cette raison, l’action est intéressante pour la première fois depuis plusieurs années, à 13 fois le bénéfice attendu pour l’an prochain et 12 fois le rapport escompté entre la valeur d’entreprise (EV) et le cash-flow opérationnel (EBITDA) 2018, contre respectivement 27 et 17,5 fois en moyenne sur les cinq dernières années. L’endettement élevé nous contraint cependant à lui attribuer un profil de risque élevé.

Conseil : digne d’achat

Risque : élevé

Rating : 1C

Devise : dollar (USD)

Marché: NYSE

Capit. boursière : 10,1 milliards USD

C/B 2016 : 19

C/B attendu 2017 : 16,5

Perf. cours sur 12 mois : -28 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -15 %

Rendement du dividende : 0,9 %

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