Sous le tapis, la confiance en Balta

L’entreprise a déjà dû revoir à la baisse ses prévisions de bénéfice bien trop optimistes, ce qui n’a évidemment pas plu aux investisseurs. Après moins de six mois, l’action Balta cote désormais un tiers sous son prix d’introduction.

Cette entreprise fraîchement cotée en Bourse d’Euronext Bruxelles a déjà perdu la confiance des marchés. Le désamour fut déclaré le 24 novembre, en pleine séance, en réaction à la publication d’un communiqué de presse : 17 jours à peine après l’annonce des résultats du troisième trimestre, la société lançait un avertissement sur bénéfice. Les investisseurs, sous le choc, ont sanctionné le titre à concurrence de près de 20%, si bien que l’action cote désormais un tiers sous son prix initial. Or le cours d’introduction du plus grand producteur mondial de carpettes et premier producteur européen de moquettes à usage résidentiel et commercial s’était déjà établi dans le bas de la fourchette annoncée (13,25-16 euros par action). Dix pour cent des actions proposées étaient réservées aux investisseurs particuliers. Balta a émis 10,9 millions d’actions nouvelles et Lone Star, le fonds d’investissement américain qui s’était offert la société en 2015, a vendu plus de la moitié de sa participation (au moins 6,2 millions d’actions).

Notons que le cours s’est trouvé sous pression dès la première séance. Sa valorisation nous semblait pourtant attrayante, pour une entreprise qui avait enregistré l’an dernier un chiffre d’affaires (CA) de 668 millions d’euros. Sur la base du prix d’introduction, le géant des revêtements de sol était valorisé à un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel (EBITDA) de 7,4 – alors même que la plupart de ses concurrents se négocient à un ratio EV/EBITDA compris entre 8,5 et 10,5. Mais l’on sait donc à présent que ces projections étaient trop optimistes. La marge de REBITDA (cash-flow d’exploitation récurrent) prévisionnelle ajustée a été abaissée à 12,7-12,9%, alors qu’elle s’établissait à 14% encore en 2016. Plusieurs éléments justifient cette érosion. Les fluctuations du cours, par exemple. L’exposition de l’entreprise au marché britannique et donc, à la livre sterling, était connue dès avant l’introduction en Bourse (IPO), mais l’affaiblissement du dollar est venu allonger la liste des problèmes. A cela s’ajoutent également, depuis quelque temps, la pression inhérente à la hausse des prix des matières premières ainsi que, depuis peu, une pression sur les volumes. D’où l’avertissement sur bénéfice, qui a donc reçu l’accueil que l’on sait.

Tom Debusschere (CEO depuis 2016) est pourtant familier du monde boursier – il a en effet été CEO de Deceuninck. Sur les neuf premiers mois de l’année, le groupe a réalisé une croissance de son CA de 17,6%, à 491,9 millions d’euros, dont 5,3% de croissance organique (hors acquisitions et désinvestissements). L’acquisition de Bentley, aux Etats-Unis, contribue depuis le 1er avril à l’augmentation du CA. La croissance organique est presque totalement à mettre à l’actif de la division Carpettes (CA de plus de 16,9 millions d’euros). L’EBITDA (ajusté) a progressé de 6,8% (contre 11,1% encore à la mi-2017), et la marge d’EBITDA (ajustée), de 13,3% (14,6% sur les trois premiers trimestres de 2016).

Conclusion

Les premiers pas de Balta en Bourse sont un fiasco. Lors de l’IPO, nous avions accordé à ce leader sur son marché le bénéfice du doute en raison de sa faible valorisation au regard de ses objectifs annuels. Celle-ci est toujours faible, mais l’avertissement sur bénéfice et l’onde de choc qu’il a provoquée devraient clouer le titre au sol pendant un moment. D’où l’abaissement de notre conseil.

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 9,05 euros

Ticker : BALTA BB

Code ISIN : BE0974314461

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 325 millions EUR

C/B 2016 : 15

C/B attendu 2017 : 13,5

Perf. cours sur 12 mois : –

Perf. cours depuis l’entrée en Bourse : – 32%

Rendement du dividende : –

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