Umicore a besoin de reprendre son souffle

Les excellents résultats d’Umicore ne peuvent pas tirer le cours davantage à la hausse, alors que les investisseurs exploitent la moindre opportunité de procéder à des prises de bénéfices. Ils ont pris une grosse avance sur des perspectives de croissance solides.

Même si elle était prévisible, la mise en garde émise à la présentation des résultats annuels – l’extension de la capacité de recyclage de l’usine de Hoboken s’accompagnera d’une légère baisse des marges – a coûté plus de 5% à l’action.

Ces prises de bénéfices sont compréhensibles. Les investisseurs ont pris une grosse avance sur des perspectives de croissance solides, fondées sur la demande croissante de mobilité propre et de recyclage. L’entreprise veut porter ses cash-flows opérationnels récurrents à 500 millions d’euros à l’horizon 2020 (351 millions d’euros en 2016). Cela implique une croissance de 10% par an. À un cours de 50 euros, les investisseurs paient 22 fois le bénéfice attendu en 2017 et 15 fois le bénéfice promis en 2022. Cela laisse peu de marge en cas de déception. N’oublions pas non plus le recul du bénéfice net récurrent de 6% enregistré en 2016 à la suite de cours de change défavorables. Le bénéfice net final a même baissé de près d’un quart, en raison d’une amende en France pour formation de cartel.

Les investisseurs ne sont pourtant pas fous de payer leurs actions Umicore au prix fort, car la hausse du bénéfice repose sur des piliers solides, avec la maîtrise technologique de la mobilité propre comme fer de lance. Les résultats semestriels confirment ces perspectives. Le bénéfice opérationnel récurrent a gagné 10% au deuxième semestre 2016 grâce à une légère hausse du chiffre d’affaires (+3%) et un redressement des marges dans de nombreux segments. Ainsi, la division Pots catalytiques pour voitures ne bénéficie pas de l’attention qu’elle mérite. En 2016, elle a vu son bénéfice opérationnel récurrent s’accroître de quelque 23% et a pris à son compte 42% du bénéfice opérationnel récurrent. Cette nette augmentation du bénéfice est le fruit d’une hausse des volumes de ventes sur fond de parts de marché croissantes dans la plupart des régions, de hausses des prix et d’effets d’échelle après les récents investissements dans une extension de capacité. Les ventes poursuivront leur progression tant pour les véhicules essence que diesel cette année, mais le rythme devrait être moins soutenu en l’absence de nouveau durcissement de la législation en matière d’émissions cette année.

L’action s’est envolée l’an dernier après l’annonce par Umicore d’un investissement de 160 millions d’euros dans le triplement de la production de matériaux cathodiques (destinés notamment aux batteries pour voitures électriques performantes) en Corée et en Chine. La demande croissante de tels matériaux est le nouveau cheval de bataille d’Umicore. Elle favorisera la croissance de la division Energy & Surface Technologies en 2017, après des hausses de 4% du chiffre d’affaires et de 16% du bénéfice en 2016. La division Recyclage a clôturé l’exercice 2016 sur des reculs de 3% du chiffre d’affaires et de 12% du bénéfice, reflet de la chute des cours des métaux. L’extension des capacités entraînera une forte hausse des volumes, mais l’impact sur le bénéfice dépendra surtout de l’évolution des cours des métaux. Umicore signale une légère hausse de la demande à la fin de l’an 2016, mais les prix sont toujours sous pression et sous le niveau de ces dernières années.

Umicore n’a pas encore donné de perspectives concrètes pour 2017, mais l’entreprise attend une croissance soutenue des activités dans la mobilité propre. La demande de matériaux cathodiques pour voitures électriques devrait s’inscrire en forte hausse, surtout au deuxième semestre de cette année.

Conclusion

L’action a besoin de temps pour digérer le bond opéré en 2016. Avec une valeur d’entreprise de 10 fois les cash-flows opérationnels attendus en 2017, les belles perspectives de croissance sont déjà intégrées dans le cours. À plus long terme, ces perspectives sont trop attrayantes pour justifier une vente de l’action. D’où le conseil ” à conserver “.

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Devise : euro (EUR)

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 5,6 milliards EUR

C/B 2016 : 25

C/B attendu 2017 : 22

Perf. cours sur 12 mois : +34 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -7 %

Rendement du dividende : 2,4 %

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