Les valeurs pharma les plus investies dans l’oncologie

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Le marché total de l’oncologie est estimé à 94 milliards de dollars et restera au cours des années à venir celui qui enregistrera la plus forte croissance dans l’industrie pharmaceutique. Pour miser sur ce domaine thérapeutique, les investisseurs disposent d’un vaste choix.

Hélas, nous connaissons tous, dans notre environnement direct, des personnes décédées des suites du cancer. Avec les maladies cardiovasculaires, le cancer est en effet la principale cause de mortalité dans à peu près tous les pays occidentaux. Le marché total de l’oncologie est estimé à 94 milliards de dollars et restera au cours des années à venir celui qui enregistrera la plus forte croissance dans l’industrie pharmaceutique. Grâce aux nouvelles techniques de traitement, nous avons bon espoir de voir, au cours des dix à vingt prochaines années, quelque 60% des cancers traités comme une maladie chronique. Pour miser sur ce domaine thérapeutique, les investisseurs disposent d’un vaste choix.

D’indispensables innovations

La première solution face à un cancer consiste à extraire la tumeur dans le cadre d’une opération. Mais, une opération étant souvent impossible ou insuffisante en raison des métastases, le recours à des traitements complémentaires est obligatoire. Un premier traitement est la radiologie, qui consiste à attaquer la tumeur à l’aide de rayonnements ciblés. En raison de la situation spécifique de la tumeur et en dépit des progrès technologiques, le rayonnement a parfois des effets nocifs sur des tissus sains situés à proximité de la tumeur, ce qui provoque des rechutes ou effets secondaires permanents.

La protonthérapie est une nouvelle forme de radiothérapie qui protège mieux les tissus sains vulnérables. Actuellement, le premier appareil en Belgique est construit dans des bunkers spécialement équipés à cet effet à l’hôpital universitaire de Louvain (coût de 45 millions d’euros, mise en service à la mi-2019). L’appareil est produit par l’entreprise wallonne IBA, le premier fournisseur de solutions de protonthérapie dans le monde. L’action IBA (2B, conserver) s’était envolée ces dernières années, mais a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis début mai après plusieurs avertissements sur bénéfice émise à la suite de retards dans l’exécution de ces projets de construction très complexes.

La chimiothérapie est un troisième type de traitement. Contrairement aux deux premiers, il s’agit ici d’un traitement systématique qui touche l’ensemble du corps. Elle prend souvent la forme d’une combinaison de médicaments qui ont pour but de détruire des cellules cancéreuses qui se multiplient rapidement. La chimiothérapie est parfois administrée préalablement à une opération ou à une radiothérapie (afin de réduire la tumeur), mais il s’agit généralement d’un traitement a posteriori destiné à tuer les cellules cancéreuses résiduelles. Un inconvénient important de la chimio est qu’elle détruit également des cellules à division rapide comme les cellules des cheveux. Des améliorations et des innovations sont dès lors constamment nécessaires. Elles proviennent surtout de l’immuno-oncologie ces dernières années.

Stimuler le système immunitaire

L’immuno-oncologie approche la maladie d’une tout autre manière. Quand un cancer se développe, notre système immunitaire ne réagit pas ou que faiblement à la naissance des cellules malignes. L’immunothérapie a pour but d’activer les lymphocytes T, des cellules qui détectent les cellules étrangères et qui, lorsqu’elles en reconnaissent, font agir le système immunitaire contre le corps étranger. Les traitements modulent les protéines (antigènes) des cellules cancéreuses qui paralysent les lymphocytes T. Un de ces antigènes est le PD-1. Bristol-Meyers Squibb (BMS; 2B, conserver), Merck&Co (2B, conserver) et Roche (2A, conserver) sont les acteurs majeurs de l’immunologie du cancer. Selon une étude de FiercePharma, trois des six médicaments contre le cancer les plus vendus en 2022 seront les inhibiteurs de PD-1 Opdivo de BMS, Keytruda de Merck&Co et Tecentriq de Roche, avec un chiffre d’affaires (CA) cumulé attendu de plus de 20 milliards de dollars.

L’an dernier, le trio de tête des médicaments oncologiques les plus vendus se composait du Revlimid (CA de 7 milliards de dollars) de Celgene et de l’Herceptin et de l’Avastin de Roche (tous deux un CA de 6,7 milliards de dollars). Ablynx (1C, digne d’achat) – en portefeuille modèle – a conclu en 2014 et en 2015 un partenariat pouvant porter jusqu’à 17 programmes de recherche dans l’immunologie du cancer avec Merck&Co. On estime que les premiers essais cliniques avec des molécules seront lancés l’an prochain. Argen-x (1C, digne d’achat) possède avec l’ARGX-115 un candidat médicament en phase préclinique dans l’immunologie du cancer. Son partenaire AbbVie décidera l’an prochain d’une prise en licence de l’ARGX-115. L’immuno-oncologie offre donc de nombreuses perspectives, mais la quête de médicaments se poursuit.

CAR-T, un produit sur mesure

Ces derniers mois, une nouvelle approche a suscité une grande attention. Les CAR-T, pour cellules T porteuses d’un récepteur chimérique, combinent thérapie cellulaire, thérapie génétique et immunothérapie. Ici, les lymphocytes T sont extraits du corps du patient, reprogrammés génétiquement afin qu’ils puissent détecter des antigènes, et réadministrés au patient afin d’activer le système immunitaire. Un premier produit utilisant les CAR-T a été approuvé fin août par l’agence américaine des médicaments (FDA). Il s’agissait du Kymriah de Novartis (2A, conserver), un médicament contre une forme de cancer du sang. A peu près à la même époque, Gilead Sciences (1B, digne d’achat) annonçait l’acquisition, au prix de 11,9 milliards de dollars, de Kite Pharmaceuticals, un acteur majeur de l’immunothérapie par CAR-T. Le 18 octobre, l’Yescarta de Kite était le deuxième produit CAR-T à décrocher l’approbation de la FDA. L’entreprise belge Celyad (2C, conserver) est également active dans les CAR-T, plus spécifiquement dans les lymphocytes T dotés de tueurs naturels (NK). Un essai clinique de phase I avec le CYAD 01-T est en cours pour différents types de cancer. Début octobre, Celyad a enregistré un premier succès avec une réponse chez un patient souffrant d’un cancer du sang. L’action a triplé de valeur l’an dernier sur la base de premières indications positives avec la molécule CAR-T, après s’être effondrée en 2016 (-70%) sur fond de résultats d’essais cliniques de phase III décevants avec le C-Cure, un produit à base de cellules souches contre l’infarctus. Les produits CAR-T Kymriah et Yescarta sont vendus aux prix de respectivement 475.000 et 373.000 dollars. Cette commercialisation avait relancé le débat sur l’envolée des prix des traitements. Parallèlement aux énormes développements dans les options de traitement, on note une évolution vers une médecine plus personnalisée, basée sur le profil génétique du patient.

Le diagnostic pour réduire les coûts

Un élément crucial dans ce domaine est le diagnostic moléculaire, dans le cadre duquel des maladies sont dépistées après une analyse ADN/ARN d’échantillons du corps. Ce n’est pas un hasard si un visionnaire comme Rudi Pauwels a misé sur cette tendance en créant Biocartis (1C, digne d’achat) en 2007. Son équipe, qui a développé le très performant appareil d’analyse Idylla et travaille à l’élargissement de son menu de tests, se concentre de plus en plus sur l’oncologie, le segment qui enregistre la plus forte croissance. Les Malinois collaborent avec des parties tierces en vue de développer des tests destinés à évaluer la résistance à la thérapie hormonale ou à identifier le traitement optimal contre le cancer pour un patient donné. Ils misent également sur les tests de diagnostics compagnons (CDx), grâce auxquels l’on pourra déterminer qui peut bénéficier d’un traitement donné, et sur le développement de tests MSI, qui visent à prédire l’effet d’un traitement donné. MDxHealth (1C, digne d’achat) – également en portefeuille modèle – se concentre pour sa part sur la mise au point de tests destinés à aider les médecins à diagnostiquer les cancers urologiques. Les médecins n’auront d’autre choix que de se familiariser peu à peu avec les tests moléculaires, car la tendance est irréversible.

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