Danny Reweghs

Les marchés émergents s’épanouissent

Danny Reweghs Journaliste

Le négativisme à l’égard des marchés émergents a fait place à un sentiment d’optimisme. L’indice MSCI Emerging Markets a gagné, en moins de deux ans, plus de 70% par rapport à son niveau plancher. Cet élément, parmi d’autres, nous incite à la prudence.

Heureusement pour les pays émergents, le 45e président des Etats-Unis se distingue davantage par son style, en rupture totale avec celui de ses prédécesseurs, que par ses actes. Durant la semaine qui a suivi son improbable victoire, le MSCI Emerging Markets a cédé 7%, sous l’effet d’un vent de panique. Dès le premier jour de sa présidence, Donald Trump mettait en pratique ses promesses de protectionnisme (“America first”), en supprimant l’accord commercial Trans-Pacific Partnership (TPP), fruit de huit années de négociations entre les Etats-Unis et onze pays qui bordent l’océan Pacifique.

La réaction de panique s’est cependant rapidement apaisée. En définitive, rares sont les menaces de taxation des importations, notamment à l’encontre de la Chine, qui ont été mises à exécution. Pendant son récent voyage en Asie, Trump s’est même montré particulièrement cordial avec l’homme d’Etat chinois Xi Jinping, et n’est pas revenu sur le sujet. Après de nombreuses années de nette sous-performance, les marchés émergents se comportent parfaitement depuis le printemps 2016, faisant même bien mieux que l’indice MSCI World. Ainsi le tracker iShares MSCI Emerging Markets ETF (47,8 dollars, ticker EEM, cotation sur le NYSE sous le code ISIN US4642872349) a-t-il rebondi cette année de 37 %, soit plus du double de la hausse de l’indice mondial (+17%).

Redressement sensible

Il n’est dès lors pas étonnant que le négativisme à l’égard des marchés émergents ait fait place à un sentiment d’optimisme et que les perspectives pour 2018 soient enthousiasmantes. Les arguments en ce sens reposent sur les mesures prises en faveur d’une plus grande maîtrise de l’inflation, sur les réformes économiques et politiques, le renforcement de la balance des comptes courants et l’augmentation des réserves de devises. Ces arguments tiennent effectivement la route, mais nous ne perdons pas de vue, pour notre part, que l’indice a gagné, en moins de deux ans, plus de 70% par rapport à son niveau plancher. Cet élément nous incite à une plus grande prudence, mais il n’est pas le seul :

• le sentiment a changé du tout au tout : comme nous l’avons indiqué, le pessimisme des investisseurs et des analystes a fait place à un optimisme sans limites, les marchés émergents apparaissant souvent comme les investissements recelant le plus de potentiel pour l’an prochain. De nombreuses institutions financières sont particulièrement enthousiastes à l’égard de la Chine. L’on sait pourtant qu’après un Congrès du Parti communiste, la situation va généralement un peu moins bien.

• la décote a considérablement diminué : il y a près de deux ans, les marchés émergents étaient nettement moins chers que les Bourses occidentales. Depuis, l’écart s’est atténué, avec un rapport cours/bénéfice moyen attendu pour 2017 de près de 17, contre 18 pour le MSCI World.

• le tableau technique montre des signes de faiblesse : il n’y a pour l’heure aucune raison de paniquer, mais les marchés émergents ont récemment montré des signes de faiblesse sur le plan technique, alors même que le sentiment était de plus en plus positif.

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