Pas toujours heureuse, la scission inversée

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La rédaction répond à la question d’un abonné : “En mai, l’action Polarcus a fait l’objet d’un ‘reverse split’ pour la deuxième fois en deux ans. Le cours continue pourtant de baisser. Quelle en est l’utilité dans ce cas ?”

Lors d’une scission inversée d’actions, la valeur nominale des actions en circulation est accrue d’un facteur déterminé (p. ex. 10), et le nombre d’actions en circulation est divisé par le même facteur. La capitalisation boursière de l’entreprise reste donc égale mais le cours est multiplié par le facteur appliqué. Cette mesure est souvent prise lorsque le cours a reculé à un point tel que l’action n’est plus intéressante pour les investisseurs. Il existe par ailleurs des fonds qui ne permettent pas d’acheter des titres sous un niveau nominal déterminé. En outre, certaines Bourses appliquent un niveau de cours minimum (pour le NYSE, celui-ci est de 1 dollar par action), ce qui suppose que la scission inversée puisse être le dernier recours pour le maintien d’une cotation.

Plusieurs études ont démontré que les actions prestent en moyenne moins bien que la moyenne boursière après une opération de scission inversée, mais il n’existe pas de lien direct. Cela dit, il existe aussi des contre-exemples. Ainsi Ageas a-t-il procédé en 2012 à une scission inversée, dans le cadre de laquelle dix anciens titres ont été convertis en un seul. Le cours a triplé depuis lors. Il existe également des exemples moins heureux, comme ceux, récents, de Nyrstar (2016) et d’ArcelorMittal (mai 2017). Naturellement, leur cours avait reflué sensiblement pour des raisons spécifiques juste avant, et l’évolution du cours après la scission inversée dépend aussi surtout de l’évolution de l’entreprise à proprement parler.

Pour Polarcus, le spécialiste norvégien des services sismiques en 3D, il n’en va pas autrement. La double scission inversée par un facteur 10 en novembre 2015 et en mai 2017 (100 actions sont donc devenues un seul titre en deux étapes ! ) n’a en effet pas permis d’amorcer un redressement du cours. Mais c’est évidemment lié à l’évolution défavorable du secteur pétrolier, qui afflige l’entreprise endettée depuis plusieurs années. Grâce au réaménagement important des dettes début 2016 et 2017, le nombre d’actions en circulation a explosé de 6,7 à 153 millions (fois 22,8 ! ). Polarcus s’est de la sorte acheté une marge de manoeuvre nécessaire pour cette année et la prochaine. La nouvelle baisse du cours du pétrole ces derniers mois pèse cependant assez lourd, de même que le nombre limité de nouvelles missions du groupe. La situation demeure critique, mais la direction perçoit des signaux positifs de la part des entreprises pétrolières et gazières pour 2018 et 2019. Du fait de la jeune flotte de six navires techniquement à l’avant-garde, et malgré le risque très élevé, l’action peut être conservée (2C).

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