Ahold Delhaize produit des liquidités à foison

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Le distributeur pourrait voir sa croissance ralentir sur le marché américain, et partant, la concurrence s’y intensifier, mais la valorisation du titre compense ces risques.

Les actionnaires d’Ahold Delhaize sont gâtés. Ils perçoivent un dividende annuel et profitent du programme de rachat d’actions en cours. Le groupe rachète actuellement pour deux milliards de ses actions, ce qui représente un peu moins de 10% des actions en circulation. Le programme, qui touche bientôt à sa fin, soutient, naturellement, le bénéfice par action. Il est très probable que le groupe en mette en oeuvre un autre, ses cash-flows demeurant abondants et son taux d’endettement, très faible. C’est avant tout parce que le groupe produit autant de liquidités qu’il vaut la peine d’acquérir l’action.

Sur les neuf premiers mois de l’exercice, ses activités opérationnelles lui ont procuré 2,87 milliards d’euros, dont 1,45 milliard ont été réinvestis. Ahold Delhaize a dès lors le loisir d’affecter le solde au remboursement de sa dette, au versement des dividendes ou au rachat de ses actions. En 2018, il prévoit de réaliser un cash-flow de deux milliards d’euros. Le rendement des flux de trésorerie disponibles s’établirait ainsi à 8%, un taux très attrayant! Cela revient à dire qu’un investissement dans Ahold Delhaize se rembourserait seul en 12 ans, pour autant, du moins, que les cash-flows, et donc les prestations opérationnelles, demeurent au niveau actuel.

Ses résultats du troisième trimestre démontrent que l’activité du groupe évolue bien: le chiffre d’affaires s’est accru de 3,6% et la marge bénéficiaire s’est hissée de 0,2 à 4,1%, ce qui est supérieur aux attentes. Même sur le marché américain, très compétitif, il se porte bien. Non moins de deux tiers du chiffre d’affaires et du bénéfice du groupe y sont réalisés; l’arrivée, redoutée, d’Amazon sur le marché américain de la vente au détail n’a donc, pour l’heure, affecté ni ses ventes ni sa rentabilité. A périmètre comparable, Ahold Delhaize y a en effet vu les premières augmenter de 2,5%, et la seconde, se hisser timidement. Rien, cependant, ne garantit qu’il en ira toujours de même, car la progression des marges est surtout attribuable à l’économie actuellement florissante outre-Atlantique. Or l’an prochain, la croissance du pays risque de ralentir quelque peu. Si le climat s’y détériorait, la concurrence pourrait s’y intensifier. Le cas échéant, Ahold Delhaize serait contraint d’ajuster ses marges pour défendre ses parts de marché.

En dehors des Etats-Unis non plus, le groupe n’a pas de quoi se plaindre. Sur son marché domestique, les Pays-Bas, son chiffre d’affaires comparable a progressé de 5,9%, pour une marge en légère amélioration, à 5,1%. Si la plateforme électronique bol.com a contribué à hauteur d’un tiers (33%) à la hausse du chiffre d’affaires global, elle demeure déficitaire. En Belgique, Delhaize s’extrait lentement de l’ornière. Son chiffre d’affaires comparable s’est apprécié de 0,6% et sa marge bénéficiaire à 3,2%, grâce aux économies de coûts réalisées, surtout. En Europe Centrale et du Sud-Est, le tableau est plus mitigé: les ventes s’y sont accrues, mais les marges s’y sont érodées du fait de ventes décevantes en Grèce et de l’augmentation des charges de personnel.

Conclusion

Grâce à ses abondantes liquidités, le groupe peut choyer ses actionnaires. Le marché américain pourrait voir sa croissance ralentir et partant, la concurrence s’accroître, mais la valorisation du titre compense ces risques: à un rapport cours/bénéfice de 15 et une valeur d’entreprise correspondant à sept fois le cash-flow opérationnel, elle est correcte. Nous continuons dès lors de recommander d’acheter.

Conseil : acheter

Risque : moyen

Rating : 1B

Cours : 22,06 euros

Ticker : AD

Code ISIN : NL0011794037

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 25,8 milliards EUR

C/B 2017 : 13

C/B attendu 2018 : 15

Perf. cours sur 12 mois : +29%

Perf. cours depuis le 01/01 : +20%

Rendement du dividende : 3,24%

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