Croissance décevante du chiffre d’affaires d’Inditex

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Inditex accorde la priorité à la croissance de la marge bénéficiaire davantage qu’à celle du chiffre d’affaires. Ses résultats font, cette année, douter les analystes.

Inditex (pour Industria de Diseño Textil) est la société propriétaire de la marque Zara, que l’on ne présente plus. Fondée en 1963 par Amancio Ortega Gaona, désormais l’une des plus grandes fortunes d’Europe, Inditex produisait à l’époque des vêtements pour femme. Un virage fut amorcé en 1975, lorsque la première boutique Zara ouvrit ses portes à La Corogne (Galice, dans le nord de l’Espagne). Le premier magasin à l’étranger fut celui de Porto, inauguré en 1988; l’année suivante, l’enseigne conquérait New York. Au 31 octobre dernier, l’on recensait 2.118 boutiques Zara, toutes situées à des endroits sélectionnés avec soin dans des villes très fréquentées du monde entier. Bien que cette marque représente deux tiers de son chiffre d’affaires (CA), Inditex en gère sept autres encore (Pull and Bear, Massimo Dutti, Bershka, Stradivarius, Oysho, Zara Home et Uterqüe). Ce géant du prêt-à-porter revendique 7.442 points de vente (peu de progrès, cependant, sur ces 12 derniers mois) dans 96 pays et emploie plus de 150.000 personnes. Il est désormais présent en ligne sur la plupart des marchés.

Entré en Bourse au printemps 2001, Inditex réalise un très beau parcours – son bénéfice augmente chaque année depuis. Le succès de Zara/Inditex s’explique par son modèle d’affaires, flexible et intégré, qui conjugue avec une efficacité éprouvée stylisme, production, logistique et vente.

Sans surprise, Inditex compte parmi les chouchous de la Bourse de Madrid. Sa capitalisation boursière est passée de 18 à 79 milliards d’euros entre la fin de 2009 et aujourd’hui. Au cours de la dernière décennie, le return total (performance du cours + rendement du dividende) a atteint 392 %. Sur les neuf premiers mois de l’exercice 2018-2019 (clôture: le 31/1), le groupe a réalisé un CA de 18,44 milliards d’euros, soit 3 % de plus en glissement annuel – ce qui représente toutefois moins que le consensus, et la progression la plus lente en quatre ans. Durant les neuf premiers mois de l’exercice, le bénéfice net a augmenté de 4 %, à 2,44 milliards d’euros. Le bénéfice brut a grimpé de 4 % également, ce qui a permis à la marge brute d’atteindre 58 % pour la première fois depuis des années (57,4 %, pour les trois premiers trimestres de l’exercice 2017-2018). A cours de change constants, la croissance du CA est de 7 %: la vigueur de l’euro pèse donc sur les résultats. Les cash-flows opérationnels (Ebitda) se sont accrus de 2,9 % à peine, à 3,93 milliards d’euros. Au début du troisième trimestre de l’exercice (chiffres arrêtés à la mi-septembre), la croissance du CA atteignait 3 % à cours de change constants – une véritable déception.

Inditex, qui disposait fin octobre d’une trésorerie de 5,1 milliards d’euros, relève chaque année son dividende; il convient toutefois de préciser que seuls quelques magasins lui appartiennent, le reste faisant l’objet de contrats de leasing. Refusant de céder à la pression concurrentielle sur les prix, la direction accorde la priorité à la croissance des marges davantage qu’à celle du CA.

Conclusion

Inditex est une valeur de tout premier ordre qui, sur les plans tant opérationnel que boursier, affiche des performances nettement meilleures que celles de son concurrent Hennes & Mauritz (H&M). Cela dit, ses résultats font, cette année, douter les analystes. L’avantage est qu’à 20 fois le bénéfice et à 11,5 fois le rapport valeur d’entreprise (EV)/Ebitda escomptés pour le prochain exercice, sa valorisation est retombée à un niveau beaucoup plus raisonnable – le plus faible, du reste, depuis 2012.

Conseil : conserver/attendre

Risque : faible

Rating : 2A

Cours : 22,35 euros

Ticker : ITX SM

Code ISIN : ES0148396007

Marché : Madrid

Capit. boursière : 69,7 milliards EUR

C/B 2018 : 20,5

C/B attendu 2019 : 20

Perf. cours sur 12 mois : -20 %

Rendement du dividende : 2,4 %

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