Facebook: des résultats bluffants

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Facebook était à la fête, la semaine passée. Le premier réseau social mondial a soufflé ses 15 bougies et publié de très bons résultats trimestriels. Lorsqu’il a appris que la tendance du troisième trimestre ne s’était pas confirmée, le marché l’a applaudi. Facebook n’a aucunement souffert des scandales qui ont frappé l’entreprise. Entre octobre et décembre, celle-ci a surpassé presque toutes les attentes.

Le nombre d’utilisateurs actifs quotidiennement s’est élevé à 1,523 milliard, en hausse de 1,9% en glissement trimestriel. A cet égard, il était surtout important de renouer avec la croissance en Europe, après deux trimestres successifs de baisse; ce fut le cas (lire plus bas). Les revenus publicitaires de Facebook et, depuis peu, d’Instagram représentent plus de 90% du chiffre d’affaires (CA) de l’entreprise. Ceux-ci ont augmenté de 34% en un an, à 16,91 milliards de dollars, alors que les analystes visaient 16,4 milliards de dollars en moyenne. Les coûts ont cependant progressé plus rapidement que les revenus, ce qui s’est répercuté sur le bénéfice opérationnel (Ebit) et les marges. Les charges opérationnelles (recrutement de personnel supplémentaire, dépenses de marketing, frais juridiques) ont en effet augmenté de 62%, à 9,1 milliards de dollars. La croissance de l’Ebit n’a dès lors pas dépassé les 6%, en dépit de la hausse importante du CA, et la marge d’Ebit s’est contractée de 57 à 46%, en un an. Par ailleurs, pour la première fois depuis le quatrième trimestre de 2012, le prix moyen par publicité est en déclin (-2%). C’est que Facebook diffuse désormais également des publicités sur Instagram, où les tarifs sont plus bas.

La moitié du CA de Facebook provient des Etats-Unis et du Canada, alors que ces deux pays ne concentrent que 12% du nombre d’utilisateurs. Au niveau du groupe, le revenu moyen par utilisateur a augmenté de 6,18 à 7,30 dollars en un an ; aux Etats-Unis et en Chine, il s’élève à 34,86 dollars. En Europe, il s’est hissé à 10,98 dollars. L’Asie (2,96 dollars) et le reste du monde (2,11 dollars) recèlent encore une importante marge de progression. Sur le plan du bénéfice net, Facebook a nettement battu le consensus (2,19 dollars), avec une hausse de 62%, à 6,88 milliards de dollars ou 2,38 dollars par action. C’est en partie grâce au taux d’imposition, passé de 43% l’année précédente à 14% l’an dernier.

Facebook a investi 13,9 milliards de dollars l’an dernier, plus du double de l’année précédente. Les cash-flows disponibles ont dès lors diminué à 15,4 milliards de dollars en 2018 (17,5 milliards un an plus tôt). Ils pourraient continuer de baisser, car les dépenses d’investissement augmenteront encore. Lors de la vidéoconférence qui a suivi la publication des résultats, la direction a déclaré s’attendre à ce que la pression sur les marges diminue à partir de 2020. L’entreprise ne distribue pas de dividende mais a racheté des actions propres pour près de 13 milliards de dollars l’an passé. Elle n’a pas de dette et disposait de plus de 41 milliards de dollars de liquidités à la fin de l’an dernier.

Conclusion

Facebook présente une valorisation tendue, mais pas excessive au regard d’autres actions FAANG. Pourtant, l’entreprise n’y échappe pas: elle voit sa croissance bénéficiaire ralentir. Les investissements nécessaires érodent les marges. Si des sanctions étaient prises à son encontre, par suite des scandales récents, sa croissance pourrait freiner davantage. Il fait peu de doutes que des fenêtres d’entrée plus intéressantes s’ouvriront à terme.

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 170,49 dollars

Marché : Nasdaq

Code ISIN : US30303M1027

Ticker : FB US

Capit. boursière : 486,6 milliards USD

C/B 2018 : 22,5

C/B attendu 2019 : 23

Perf. cours sur 12 mois : -5 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +30 %

Rendement du dividende : –

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