Perrigo va de mal en pis

Perrigo © Perrigo.com

Le fabricant de médicaments en vente libre et de produits génériques se porte de plus en plus mal et accumule les nouvelles désastreuses.

Le 21 décembre, le cours a de nouveau plongé de près de 30% lorsqu’on a su que les autorités irlandaises (nombre de sociétés américaines spécialisées dans la santé ont installé leur siège social en Irlande, où la fiscalité est beaucoup plus favorable) réclamaient à Perrigo, soupçonné de fraude fiscale, un montant de 1,8 milliard de dollars. Cette somme équivaut à près de deux fois les cash-flows opérationnels (Ebitda) escomptés pour l’exercice 2018, à quatre fois la position de trésorerie ou à un tiers de la capitalisation boursière – largement diminuée – du groupe.

L’an passé, les trois CEO qui se sont succédé à la tête du groupe se sont contentés de scinder la division Rx Pharmaceuticals (médicaments génériques sur ordonnance) en vue de la vendre ou de la fusionner avec un autre intervenant. Rx Pharmaceuticals est un segment de niche qui génère quelque 900 millions de dollars de chiffre d’affaires (CA) annuel, mais une marge deux fois plus élevée que celle de l’activité Médicaments en vente libre. Perrigo est dirigé depuis octobre par Murray Kessler, transfuge de l’industrie du tabac (Lorillard Tobacco). Le dossier fiscal n’aidera évidemment pas l’entreprise à se dépêtrer de ses problèmes et à renouer avec la croissance. Sous la direction de Joseph C. Papa (CEO de 2006 au printemps 2016), une série d’acquisitions, entre autres, lui avait assuré une belle croissance et d’excellentes prestations en Bourse – sa valorisation boursière s’était envolée, passant de moins de trois milliards de dollars à près de 30 milliards, même, pendant un bref moment. C’est à cette époque (automne 2014) que Perrigo avait mis sur la table 3,6 milliards d’euros, dont 1,1 milliard de rachat de dette, pour acquérir Omega Pharma et que le géant de la pharmacie Mylan avait tenté à trois reprises de s’offrir le groupe américain. Celui-ci a, depuis, acté une forte dépréciation sur Omega Pharma et déposé plainte contre ses précédents propriétaires (Marc Coucke et le fonds Waterland). Le Belge a à son tour saisi la justice, car il avait été payé pour moitié en actions Perrigo, lesquelles ont dégringolé depuis.

Le rythme de croissance n’est plus ce qu’il était, tant s’en faut, et l’épisode Omega Pharma passe difficilement. Le CA record (5,4 milliards de dollars) remonte toujours à 2015. L’on escompte pour 2018 une stagnation à 4,9 milliards de dollars (5,2 milliards encore en 2016). Malgré les programmes destinés à améliorer le bénéfice, la rentabilité ne progresse plus depuis plusieurs années. Le consensus mise sur un bénéfice par action (BPA) de 4,55 dollars pour 2018, contre 4,93 dollars encore en 2017 et 7,59 dollars en 2015. Le redressement du CA et du bénéfice évoqué au début de l’an passé ne s’est aucunement concrétisé. A Murray Kessler, donc, d’inverser la tendance. Pour 2019, le marché escompte un CA de 4,8 milliards de dollars en moyenne et un BPA de 4,61 dollars.

Conclusion

A neuf fois le bénéfice escompté pour 2018 – et pour 2019 – et huit fois le rapport valeur d’entreprise (EV)/Ebitda prévu pour 2019 (contre 27 et 17,5 fois en moyenne sur les cinq derniers exercices), le titre est, selon les critères de Wall Street, aujourd’hui extraordinairement bon marché; il est même proche de sa valeur comptable. La plainte des autorités fiscales irlandaises est une véritable épée de Damoclès et les perspectives de croissance brillent par leur absence. Attendre.

Conseil: conserver/attendre

Risque: élevé

Rating: 2C

Cours: 42,32 dollars

Ticker: PRGO US

Code ISIN: IE00BGH1M568

Marché: NYSE

Capit. boursière: 5,75 milliards USD

C/B 2017: 13,5

C/B attendu 2018: 9

Perf. cours sur 12 mois: -53%

Rendement du dividende: 2%

Partner Content